Le véganisme n’est pas parfait

C’est vrai. Notre monde a été construit sur l’exploitation d’êtres plus faibles et plus vulnérables pendant si longtemps qu’il est difficile de démêler toutes les situations où les animaux sont lésés par le système alimentaire. Deux des sujets de préoccupation le plus souvent évoqués sont que les déchets des élevages sont utilisés comme engrais pour les cultures et que des animaux sauvages meurent lors de la production d’aliments végétaux. Prenons chacun de ces arguments l’un après l’autre.

Historiquement, les petites quantités de fumier produites étaient utilisées sur la même ferme pour cultiver des légumes et d’autres cultures. Cela aidait à enrichir le sol et constituait un bon moyen de recycler les nutriments. Aujourd’hui, avec des milliards d’animaux enfermés dans des élevages industriels, une quantité phénoménale de lisier est produite, et bien trop pour pouvoir le répandre sur les terres agricoles. Il est stocké dans de vastes réservoirs, d’où il peut fuir, ou parfois même délibérément rejeté dans la nature. Il s’infiltre les nappes phréatiques et finit par dévaster la vie aquatique. Il génère une pollution de l’air et provoque des problèmes respiratoires chez les personnes qui vivent et travaillent à proximité des élevages intensifs. Et oui, beaucoup de ce lisier est encore utilisé comme engrais pour stimuler la production agricole, mais nous n’en avons pas vraiment besoin.

Il existe des solutions durables et rentables disponibles pour la production alimentaire sans intrants issus de d’élevage qui préservent la fertilité des sols grâce au compost végétal, aux engrais verts, à la rotation des cultures, au paillage et à d’autres méthodes écologiques. Avec tant de pression exercée sur notre planète à cause des mauvaises décisions que nous avons prises dans le passé, cultiver avec la nature plutôt que contre elle devient un enjeu vital.

Rick Haney, du service de recherche agricole de l’USDA au Texas, parle des dangers de l’utilisation de fumier animal et d’engrais chimiques pour obtenir des rendements toujours plus élevés. Il explique que des décennies d’abus agricoles ont fait des ravages, vidant le sol des nutriments essentiels et décimant les bactéries et les champignons qui créent la matière organique essentielle aux plantes.

C’est là qu’intervient le véganisme. Nous pouvons arrêter de pousser le sol jusqu’à ses limites si nous adoptons tous une alimentation végétale. En effet, il faut beaucoup moins de terres pour cultiver des végétaux que pour produire des aliments d’origine animale, et nous n’aurions donc pas besoin d’exiger autant de rendement pour chaque hectare de terre. Nous pouvons réduire la pression exercée sur nos sols, utiliser des méthodes durables, des composts et des engrais écologiques, et nous pouvons vivre en meilleure harmonie avec les écosystèmes naturels, tout en produisant suffisamment de nourriture pour tout le monde. Il existe des fermes qui travaillent déjà de cette façon, et à mesure que la dégradation de notre sol augmente, ces pratiques deviendront de plus en plus courantes. La croissance de la demande en nourriture végétale contribuera également à amener à ce changement positif.

Passons donc au deuxième point, sur la mort accidentelle d’animaux pendant les récoltes, et sur le fait que d’autres sont tués délibérément par les agriculteurs pour protéger les cultures. C’est peut-être une chose que nous n’aimons pas entendre, mais c’est la réalité de l’agriculture intensive moderne, et il faut bien que nous mangions. Notons que même en prenant celà en compte, le véganisme cause moins de souffrances aux animaux sauvages que la production de viande car la grande majorité terres agricoles dans le monde sont consacrées à l’élevage et aux cultures destinées à l’alimentation des animaux. Si nous passions à une alimentation exclusivement végétale, nous aurions clairement besoin de moins de terres cultivées, pas plus, et nous réduirions donc le nombre de morts d’animaux sauvages (tout en épargnant aussi, bien sûr, la vie des animaux d’élevage). De plus, comme nous aurions besoin de moins de terres, elles pourraient être restituées à la nature, ce qui contribuerait à ralentir le terrible déclin de la biodiversité qui s’observe actuellement dans le monde entier. Étant donné que 60% du déclin de la biodiversité mondiale est dû aux alimentations carnées, la végétalisation de notre système alimentaire serait une excellente nouvelle pour les animaux sauvages.

Nous devons aussi garder à l’esprit que le nombre relativement faible d’animaux qui meurent dans la production agricole est complètement éclipsé par l’ampleur de la souffrance engendrée par les élevages industriels et les abattoirs. Des milliards d’êtres sensibles sont prisonniers des bâtiments sordides des élevages intensifs, souffrent de problèmes physiques comme des boitements, des escarres, des fractures, ainsi que d’infections et de maladies, avant qu’un camion les emporte pour un terrible trajet vers l’abattoir. Des milliards d’individus ne respirent jamais l’air frais ou n’ont jamais mis les pieds à l’extérieur. Les femelles sont inséminées et subissent des grossesses forcées, pour ensuite devoir endurer la perte de leurs petits lorsqu’ils leur sont retirés. Ces souffrances psychologiques et physiques délibérément infligées sont à la fois inutiles et injustifiables.

Le véganisme n’est peut-être pas parfait, mais c’est de loin le meilleur moyen de protéger les animaux et notre planète.

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